Friday, May 01, 2009

Alchimie

Première partie :







Deuxième partie :









Troisième partie :









Un article original de Jean Louis Bernard

Alchimie Etymologie probable : al = article arabe, Khemit = l’ancien nom de l’Egypte ; alchimie = science égyptienne (par excellence). En Orient, dans l’opinion, l’alchimie avait pour source unique l’Egypte. Elle se plaça de toute antiquité sous le signe des Cabires (génies du feu) dont le temple-laboratoire était près de Memphis – et sous le signe particulier des dieux Ptah et Bès et des déesses Sekhmet et Bastit. Les templiers dont certains eurent vent de l’alchimie durant leur séjour en Syrie-Palestine, rapporteront en Europe l’arcane secret de Ptah et Bès (celui-ci, le chef des Cabires) : leur Baphomet reproduisait le physique un peu diabolique de Bès et contenait sans doute le nom même de Ptah. Du reste, la philosophie mystique qui enveloppe l’alchimie est l’hermétisme – égyptien par définition.

Sous l’influence des «souffleurs» (terme péjoratif de l’époque Renaissance = les maniaques de l’alchimie) et des compilateurs (produisant des ouvrages attrape-nigaud qui encombrent encore la bibliothèque de Prague), l’alchimie dut peu à peu se renier elle-même et devenir la chimie – science sans mystique. Dès le Moyen Age, l’objectif de l’alchimie est faussé par la hantise de l’or (on crut même que son seul rôle était de transmuter le plomb en or), par celle de la pierre philosophale (le catalyseur de cette transmutation) et par celle de la panacée universelle (remède miracle à tous les maux, y compris la vieillesse, et qui était l’«or potable» ou l’«élixir de longue vie»).

Dans de vieille civilisations, Chine, Egypte, l’alchimie comprise comme une science révélée, se devait d’imiter la nature créatrice. Ses opérations allaient «du subtil à l’épais», autrement dit de l’essence de la matière à la matière brute, densifiée – et inversement. En somme, l’initié savait produire, imitant Dieu, des corps inédits par la matérialisation de leur essence, surtout pierres précieuses (et certains jades, dans la croyance chinoise). Il savait aussi dématérialiser un objet (le ramenant à son invisible essence) et le rematérialisant à distance. Les objets rares et sacrés des temples égyptiens auraient disparu de cette façon…

Dans la période gréco-romaine, puis médiévale, l’alchimie fut plutôt renommée pour son art de la transmutation (= spiritualisation) du plomb brut qui, à travers divers stades, devenait argent, puis or. Il est hors de doute qu’au Moyen Age encore, ce «grand’œuvre» connut des réalisateurs – et l’on soupçonne Nicolas Flamel d’avoir été l’un d’eux, avec John Dee. Les principes, agissant dans ce grand grand’œuvre, s’exprimaient par des symboles. Deux polarités (dites le couple alchimique) intervenaient : le souffre, symbolisant le feu de la terre (tellurisme), sa couleur allégorique étant le noir ; et le mercure = symbole de la quintessence de la matière, sa couleur étant le rouge. Le mercure, métal liquide non humide, malléable, est bien une image parlante de cette essence de la matière ou quintessence (l’aither des Grecs et l’akasha des Hindous), source subtile de la matière figée, épousant n’importe quelle forme. L’interaction du souffre et du mercure donnait l’«enfant» = le sel (dans la nature, la graine), principe évolutif de toute chose ; d’où l’expression «le sel de la terre» (= ce qui détruit un équilibre stagnant, en vue d’un équilibre neuf, dynamique). A la notion de «sel alchimique», se reliait celle de la «poudre de projection» (= qui transmutait soi-disant le plomb en argent, puis en or, quand on la versait dans le métal fondu) et celle de médicaments alchimiques. L’Allemagne en fabrique encore. Très long à produire en minime quantité, ils sauvèrent la vie de Gœthe à Strasbourg et rajeunirent le chancelier Adenauer, au lendemain de la guerre de 1939. Les alchimistes allemands ne les appliquent qu’aux hommes servant le génie de leur patrie !

Limitée au «couple alchimique», et à sa résultante (le sel), l’alchimie reste géocentrique. Pour la transmuter elle-même en alchimie cosmique, il faut l’intervention d’un autre arcane : le lion vert et rouge, symbole de ce rayon de vie issu, selon les Anciens, du "cœur du ciel" (constellation du Lion), en rapport avec les sèves et leur quintessence, le sang, et aussi avec certaines pierres (émeraude et rubis). Car l’alchimie applique son art de la métamorphose à tous les règnes de la nature, et pas uniquement au métal, en fonction de ce rayon vert qui contiendrait le secret même de la vie. Le temple de Ptah, à Memphis, réalisa des miracles sous ce signe. Est-ce à Memphis ou en quelque temple équivalent du Sud qu’un vétérinaire de génie créa le chat – par l’alchimisation d’un animal commun (la genette, sans doute) ? Dans les yeux verts du chat, subsiste un reflet du fameux rayon vert. Il semble que les Egyptiens aient mieux compris que nous la nyctalopie du chat, dans sa cause profonde, et qu’ils aient tiré de celle-ci une science de la nyctalopie, autorisant leurs artistes à peindre sans éclairage, en tombeau.

Appliqué à l’homme, l’alchimie donna le tantrisme dont l’Egypte cultiva une forme très pure, en concurrence avec l’Inde. Sur la base du couple tantrique, l’alchimie provoquera donc une transmutation du flux érotique (= souffre, car volatil) et du sperme (= mercure). Il réalisera surtout l’androgynat (= les deux sexes dans un même corps d’homme ou de femme) : le couple se multipliera alors par deux, car une femme surréelle grandira en l’homme et un homme surréel en la femme, mais après l’introversion de la sexualité.

Nos temps connaissent un renouveau de l’alchimie, cristallisé autour de l’œuvre d’Eugène Canseliet. Mais aucun laboratoire alchimique privé n’a réussi le grand œuvre*… D’où l’objection grave que formulent les sympathisants : l’alchimie a perdu ses clefs parce que ses tenants n’ont aucune longueur d’onde commune avec l’âme secrète de la nature qui, seule, renferme le moteur de toute métamorphose ; elle a sombré dans une vaine terminologie et dans un symbolisme également vain, se muant tout au plus en une chimie parallèle, sans âme.

Le documentaire semble contredire la conclusion désabusée de Jean Louis Bernard.


*) Ses lignes ont été écrites en 1971.


A propos des rosicrusiens

Jean Louis Bernard ne se fait pas beaucoup d’amis dans les loges (grises et noires) quand il écrit :

Rose-Croix, ordre ésotérique difficile à cerner, qui apparut en Allemagne pendant la guerre de Trente Ans, quoique se donnant pour fondateur un initié du Moyen Age, Christian Rosenkreuz. Son symbole figurait une rose, s’épanouissant au centre d’une croix = ouverture (ou stimulation) du chakra du cœur ; la croix = symbole de l’homme, bras étendus. L’activité de ce centre biopsychique met l’homme en contact intensifié avec le «cœur» du «Christ cosmique» (= le Zodiaque) ; il capte alors le rayon vert et devient alchimiste – ce qu’étaient les Rose-Croix. Etant par conséquent de véritables initiés, c’est-à-dire des êtres mutés, les Rose-Croix n’éprouvèrent jamais le besoin de former de secte. Jouissant de facultés paranormales, ils étaient liés entre eux au niveau de l’égrégore de leur ordre, entrant en contact par dédoublement ou télépathie. Quand, en 1613, le théologien Valentin Andreae publie un manifeste de la «Fraternité des Rose-Croix» et laisse entendre qu’elle s’organise en sectes à serments, l’imposture est en marche… Elle atteindra son apogée au 20ème siècle, avec les divers «rosicruciens». Ceux-ci ravalèrent le chakra du cœur au niveau de l’«amour mondialiste», une vaine abstraction tournant le dos à l’initiation. Les véritables Rose-Croix étaient allergiques à tout groupement, allant jusqu’à garder l’anonymat (comme l’auteur inconnu du théâtre de Shakespeare) ou à revêtir des identités multiples (comme le comte de Saint-Germain. Mais la science révélée qui fut la leur imprégna maint savant, sans pour autant le mener à l’initiation.

Notes :
La franc-maçonnerie comprend un haut grade de «Chevalier Rose-Croix».
L’imposture rosicrucienne a donc débuté en 1613. Dix ans plus tard, de prétendus Rose-Croix placardèrent sur les murs de Paris cette affiche :

« Nous, députés du Collège principal de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible en cette ville par la grâce du Très-Haut, vers Lequel se tourne le cœur des Justes. Nous montrons et enseignons à parler, sans livres ni marques, toutes sortes de langues des pays où nous voulons être pour tirer les hommes, nos semblables, d'erreur de mort.


S'il prend envie à quelqu'un de nous voir par curiosité seulement, il ne communiquera jamais avec nous, mais si la volonté le porte réellement à s'inscrire sur le registre de notre Confraternité, nous, qui jugeons des pensées, lui ferons voir la vérité de nos promesses ; tellement que nous ne mettons point le lieu de notre demeure en cette cité, puisque les pensées jointes à la volonté réelle du lecteur seront capables de nous faire connaître de lui, et lui de nous ».