Des tracts signés d'Action directe envoyés à des commissariats
Quatorze commissariats et postes de police des Hauts-de-Seine ont reçu depuis vendredi des tracts signés Action Directe annonçant la réactivation de groupuscule armé d'extrême gauche, a-t-on appris ce mardi de source policière.
Sur les tracts, figurent notamment les phrases suivantes : « A bas la dictature capitaliste. Flics, vos jours sont comptés. Nous commencerons l'extermination par le 92 », ciblent exclusivement les Hauts-de-Seine, selon la même source.
Les tracts ont été reçus dans sept postes de police vendredi et sept autres lundi. Une enquête a été ouverte vendredi par le parquet antiterroriste de Paris.
La section antiterroriste de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne a été saisie de cette affaire.
Action directe (AD) a revendiqué ou s'est vu attribuer près de 80 attentats, dont plusieurs meurtriers, entre sa création en 1979 et son démantèlement en 1987.
Source
Action directe
L’« Encyclopédie anarchiste » de 1934 définit l’action directe :
« Action individuelle ou collective exercée contre l’adversaire social par les seuls moyens de l'individu ou du groupement. L’action directe est, en général, employée par les travailleurs organisés ou les individualités évoluées par opposition à l’action parlementaire, aidée ou non par l’Etat […]. L'action directe peut être légale ou illégale [...]. L’action directe n’est pas nécessairement violente, mais elle n'exclut pas la violence. Elle n’est pas non plus forcément offensive […]. L’homme qui abat un tyran, un oppresseur redoutable, par quelque moyen que ce soit, accomplit aussi un acte d'action directe, bien qu'il ne s'attaque pas au régime lui-même et qu'il ne mette que rarement celui-ci en péril [...].
« En période révolutionnaire, l'action directe prend immédiatement le caractère de grève générale insurrectionnelle […]. Elle est le premier acte révolutionnaire d'un prolétariat qui vise à remplacer le pouvoir politique par l’organisation sociale […] . Elle s'oppose à l’insurrection, arme des partis politiques qui tous, sans exception, n'ont qu'un désir : prendre le pouvoir et le garder. »
Le livre de Voltairine de Cleyre, "De l’action directe"
« les forces de la Vie continueront à se révolter contre leurs chaînes économiques » De l’action directe, rédigé en 1912, quelques mois avant sa mort, est l’un des écrits majeurs de Voltairine de Cleyre. Rappelant que « l’action directe a toujours été employée et jouit de la sanction historique de ceux-là même qui la réprouvent », l’auteure dresse dans cet ouvrage un panorama de l’histoire contestataire des Etats-Unis, depuis les Quakers et les Puritains, en passant par George Washington, John Brown ou la lutte contre l’esclavagisme, jusqu’aux combats de la classe ouvrière de son temps. L’action directe (la grève, le boycott, les autoréductions...), voire un certain niveau de violence (les séquestrations, la destruction de matériel...) tendent à refaire surface chaque fois qu’une situation de crise exacerbe les sentiments d’exploitation et d’injustice. Quelle est la légitimité d’un tel principe ? Pour répondre à cette question, Voltairine de Cleyre examine le rôle que celui-ci doit jouer dans la lutte contre des institutions économique qui mettent sous tutelle « les forces de la Vie ».
Biographie de l'auteur
Voltairine de Cleyre (1866-1912), poétesse et essayiste américaine, est née d’un père français admirateur de Voltaire. En 1887, profondément marquée par le procès des « Martyrs de Chicago » et la condamnation à mort de quatre d’entre eux, elle devient anarchiste. Féministe, pacifiste, amie d’Emma Goldman, de Dyer D. Lum, de Kropotkine, de Sébastien Faure et des anarchistes espagnols, elle a aussi été l’une des premières à voir dans le consumérisme et le productivisme aveugle les maux principaux de son temps.
Normand Baillargeon est né en 1958. Il est professeur en sciences de l’éducation à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), essayiste et militant libertaire. Il est notamment l’auteur de « Petit cours d’autodéfense intellectuelle » (Lux, 2005). Il a préfacé en 2008 l’ouvrage d'Edwards Bernays, Propaganda (éd. Zones). Il a dirigé l’année dernière au Québec la traduction et la première édition en langue française d’écrits de Voltairine de Cleyre (D'espoir et de raison, Lux, 2008).