En
contre-feu aux violences et agressions commises un peu partout dans le
monde au nom d'Allah et du Coran, des spécialistes ont tenu à rappeler à
quel point l'histoire de l'islam fut une histoire de paix et de
tolérance, et donc à quel point ceux qui se disent aujourd'hui les
fidèles les plus zélés du Prophète sont en réalité les traîtres les plus
déterminés de la foi musulmane. On arguera le fait qu'a la différence
du christianisme, l'islam n'a, à l'exception notable du chiisme, ni
clergé ni église et qu'il a toujours favorablement accueilli les juifs
et chrétiens. On citera le bel exemple de l'Andalousie à la fois âge
d'or de la civilisation musulmane et modèle de tolérance entre les
religions.
Malheureusement,
cette tolérance musulmane appartient davantage au mythe qu'a la
réalité. Qu'on lise à ce sujet le livre d'Ibn Warraq, Américain
d'origine pakistanaise, Pourquoi je ne suis pas musulman (aucun éditeur français ne voulut de la traduction et presque aucun journal français n'en a parlé. Aujourd'hui téléchargeable gratuitement).
Il est, sur la question, l'un des ouvrages les plus solidement
documentés et sa conclusion est sans appel. Dès l'origine, l'islam se
présente comme la vérité dernière et définitive, les religions
précédentes ne sont que des essais maladroits au mieux, des idolâtries à
réprimer au pire. L'humanité est divisée en deux camps : celui des
musulmans, promis à la paix, et celui des infidèles et des mécréants
promis à la guerre. Pour les gens du Livre, c'est-à-dire les juifs et
chrétiens, la soumission (la tolérance musulmane n'ira pas au-delà),
pour les païens, la conversion ou la mort. Mahomet fut le seul prophète
de l'histoire à avoir été un guerrier et cela n'a pas manqué d'influer
sur l'histoire future. L'islam fut avec le christianisme la seule
religion qui doit son expansion mondiale à la grâce des armes. Du Maroc à
l'Indonésie, les peintures et sculptures furent détruites au nom de
l'islam, et les femmes, voilées. Pourquoi la ville sainte la plus
ancienne du monde, Bénarès, n'a-t-elle pas un seul temple remontant
au-delà du XVIIIe siècle ? Parce que Aurangzeb, empereur musulman dévot,
les a tous fait raser.
La réalité
Tournons-nous
à présent vers le présent. Imaginons que vous soyez australien ou
anglais, que vous ayez vingt-cinq ans, que vous vous détestiez vous-même
et donc que vous détestiez le monde parce que rien dans le réel ne vous
a vraiment intéressé et que vous n'avez jamais rencontré de femmes que
vous ayez fait jouir et qui vous a fait jouir, que faites-vous, si vous
voulez vraiment commettre le plus de mal possible pour que vous ayez
enfin l'impression d'exister ? Vous vous convertissez à l'islam car ni
le christianisme ni le judaïsme ni le bouddhisme ni le shintoïsme ni
l'hindouisme ni l'animisme, ni l'agnosticisme ni l'athéisme ne vous
donneront suffisamment de rage pour convertir votre haine en haine du
monde, bénie par-dessus le marché par le Dieu tout puissant.
La
vérité nous contraint à reconnaître que l'islam fut, avec le
christianisme, la plus intolérante de toutes les religions et qu'à la
différence du christianisme, elle l'est restée. Les salafites qui
aujourd'hui sévissent un partout ne sont pas les fils dévoyés d'un islam
doux et paisible. Cela ne signifie pas certes que les musulmans soient
tous des fanatiques, ni que partout où l'islam l'a emporté le fanatisme a
tout écrasé. Seulement, là où l'islam a manifesté plus de libéralités
que de coutume, ce fut justement lorsqu'il relâcha son emprise. Avant
Aurangzeb, musulman sinistre et fanatique, il y eut dans l'Inde des
Moghols, au XVIe siècle, l'empereur Akbar, l'une des plus nobles figures
de l'histoire universelle. Musulman, Akbar (dont le nom signifie «
grand », on ne le sait que trop grâce aux vociférants « Allah akbar ! »
qui ne présagent jamais rien de bon) réunissait dans sa cour de Delhi
des juifs, des chrétiens, des parsis, des nestoriens et des bouddhistes.
Il conçut ce projet utopique de fonder une religion nouvelle qui, à
partir de l'islam, réunirait dans une unité syncrétique toutes les
religions du monde. Le grand poète Kabir incarna cette « Foi nouvelle ».
Celle-ci n'eut, on l'imagine, pas la possibilité de survivre à son
fondateur. De même que les meilleurs souverains chrétiens ont été ceux
qui se sont le plus efficacement éloignés des dogmes de l'Église (on
songe à Henri IV en France ou à Joseph II en Autriche), les meilleurs
musulmans furent ceux qui se rendirent indépendants de la lettre du
Coran. On comprend, dans ces conditions, que la tolérance fut une fleur
rare en terre d'islam.
Christian Godin